Portrait
Rendez-vous avec Régis Tourre de JUMCA

Pour notre portrait du mois, nous rencontrons Régis Tourre, gérant de JUMCA à Conflans-Sainte-Honorine.
Bonjour Régis, pouvez-vous nous parler de vous et de votre parcours ?
Mon parcours est un peu atypique, je ne viens pas du tout du monde du café. J’ai passé quinze ans dans divers secteurs industriels tels que l’automobile, le nucléaire, et dernièrement dans l’aéroportuaire. Il y a un peu plus de trois ans, je suis entré dans l’univers du café un peu par hasard. Un jour, en changeant de machine à café, je suis passé d’une machine Nespresso à une machine à grains. Je me souviens avoir acheté un café de chez Terre de Café, j’ai découvert toute une palette de goûts, de terroirs, d’arômes… Ce fut un véritable déclic, et ça m’a poussé à en apprendre davantage. J’ai beaucoup lu, bu (beaucoup de cafés !) et même rencontré des torréfacteurs. Puis, le Covid est arrivé, créant une parenthèse dans ma vie professionnelle, et c’est là que j’ai eu le temps de vraiment approfondir mon projet et ainsi de créer JUMCA.
Pouvez-vous nous parler de JUMCA ?
JUMCA, c’est un atelier de torréfaction artisanale situé à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines. L’ADN de JUMCA est local : je souhaite proposer un service de proximité. Au même titre qu’un boulanger fournit des baguettes aux habitants, je fournis du café au Conflanais. L’objectif est simple : faire comprendre que chaque grain de café a une histoire, une origine, et que chaque terroir offre des goûts et des arômes uniques. Ce n’est pas juste du café, c’est un voyage sensoriel.
La traçabilité est-elle importante pour vous ?
Oui, la traçabilité est essentielle. Elle me distingue des cafés industriels. Quand un client entre dans l’atelier, je l’invite toujours à goûter le café avant de l’acheter, afin qu’il puisse choisir ce qui correspond vraiment à ses attentes. Ensuite, je lui raconte l’histoire du café : son origine, ses arômes en tasse… C’est ça, la différence avec les produits de grande distribution : en face de lui, il y a quelqu’un qui connaît le produit et qui l’a travaillé. La traçabilité, c’est ce qui fait toute la richesse de l’expérience.
Comment choisissez-vous vos cafés ?
Le choix des cafés repose sur plusieurs critères. La provenance est primordiale : je cherche avant tout des cafés avec une histoire, un terroir. Je privilégie également les cafés bio, c’est un engagement important pour moi. Et bien sûr, le prix entre en ligne de compte, mais il reste secondaire par rapport à la qualité et à l’éthique des producteurs.
Avez-vous mis en place des actions pour l’environnement ?
Je suis certifié bio, ce qui est déjà un engagement fort. Bien sûr, importer du café de l’autre bout du monde présente des limites en termes de durabilité, mais j’essaie au maximum de privilégier des circuits courts pour tout ce qui est consommable localement, comme les étiquettes, les sachets, ou encore la verrerie. Sur les marchés, nous proposons du café en vrac et encourageons les clients à venir avec leurs propres contenants pour limiter l’utilisation de sachets. C’est un petit geste mais qui, à force, fait une grande différence.
Quelles sont vos méthodes de torréfaction ?
Je torréfie mes cafés plutôt en « medium roast », c’est ma préférence. Je n’aime pas pousser trop fort les torréfactions, mais il y a une exception : mon « fortissimo », un assemblage d’arabica et de robusta, un café dense et puissant, destiné aux amateurs de cafés plus corsés. La majorité de ma clientèle boit de l’espresso, c’est donc cette approche plus douce que j’adopte pour la plupart des cafés de pure origine, tout en veillant à respecter les profils de chaque terroir.
Quel est votre type de clientèle ?
Ma clientèle est un mélange de particuliers et de professionnels : des entreprises, des restaurateurs, et des distributeurs. J’aime avoir un éventail diversifié de clients, car cela me permet d’offrir une gamme de cafés qui s’adapte à différents types de consommateurs.
Quel serait votre conseil pour découvrir le café de spécialité ?
Ce sont des cafés qui ont du goût, des arômes subtils et des nuances uniques. Pour découvrir ce monde, il suffit de goûter, d’expérimenter et de suivre son palais. Certains préfèrent les notes fruitées, d’autres les arômes épicés des cafés d’Indonésie. Ce que je conseille, c’est d’essayer différents profils et de s’ouvrir à de nouvelles sensations. Le conseil, c’est de goûter et d’oser sortir des sentiers battus !
Avez-vous un café favori ?
J’ai un faible pour les cafés éthiopiens, qui font partie des premiers que j’ai goûtés et qui ont complètement changé ma vision du café. Dans ma gamme, j’essaie toujours d’avoir cette origine, car pour moi, c’est la base du café de spécialité.
Comment voyez-vous l’avenir de JUMCA ?
JUMCA est actuellement un atelier relativement discret, mais l’évolution est en marche. J’ouvre une boutique en centre-ville de Conflans-Sainte-Honorine début septembre, pour être plus visible et accessible à la fois pour les particuliers et les professionnels. L’objectif est de continuer à faire découvrir mon univers et d’amener le café de spécialité dans le quotidien des gens.
Un souvenir café à partager ?
Le déclic qui m’a fait changer de vie, c’est mon premier café de spécialité. Je me souviens encore de ce café éthiopien Yrgacheffe. C’était la première fois que je goûtais un café aussi délicat, avec des notes fruitées et légèrement acidulées. C’était un vrai choc, et ça m’a ouvert les yeux sur le potentiel infini du café. Ce souvenir reste très précieux pour moi, car il a marqué le début de mon aventure en tant que torréfacteur.
Le mot de la fin ?
En ce moment, on traverse une crise avec la hausse des prix du café, ce qui impacte les consommateurs. Mais ce qui me touche, c’est de voir des clients, particuliers ou professionnels, venir et s’intéresser à l’histoire du café, à son origine, à la manière dont il est produit. C’est ça qui fait toute la différence : goûter, découvrir, et comprendre ce qu’il y a derrière chaque grain. Mon objectif pour l’avenir est aussi de sensibiliser les restaurateurs à l’importance d’un bon café pour conclure un repas. Il est tellement dommage de passer un bon moment au restaurant, et de voir tout s’effondrer avec un café de mauvaise qualité. Je suis convaincu qu’il est possible de bien finir un repas avec un café à la hauteur !