Portrait

Rendez-vous avec Maureen & Gaël Callegher de Jaune Cerise

Pour notre portrait adhérent du mois, rendez-vous avec Maureen et Gaël Callegher de la Torréfaction Jaune Cerise à Lyon.

Bonjour Maureen et Gaël, pourriez-vous me parler de vos parcours personnel et professionnel ?
Gaël : « Fils du fondateur de cette torréfaction, j’ai baigné dans le café étant petit. Je venais régulièrement dans la boutique pour aider, préparer des sacs de café et servir les clients. Bien qu’enfant ce ne sont pas forcément des métiers qui nous font rêver – pour ma part, je voulais être dans la police – je suis finalement resté dans ce milieu du café qui m’a vu grandir. J’ajouterais également qu’avant d’aimer le produit, j’aimais déjà vraiment le commerce et je me suis donc dirigé vers cette voie. Aujourd’hui, après un BTS Négociation Relation Client et quelques années à travailler dans le commerce du milieu de l’emballage, mon cœur a penché pour le commerce de proximité avec une relation client plus pérenne et je suis ainsi devenu co-gérant de la torréfaction avec ma sœur. »
Maureen : « Même si je suis née de parents torréfacteurs, je n’étais pas destinée à le devenir. Je leur disais même que je ne ferais jamais leur métier… Au départ je voulais être pâtissière ! Pour autant, les études que j’ai faites sont bien loin de ces deux domaines. J’ai eu un master dans la gestion des risques naturels (inondation, risques sismiques…) et industriels. Ce n’est qu’à la fin de mon cursus que je me suis dit que cette voie-là n’était pas pour moi. Mon frère et ma sœur travaillaient déjà à ce moment-là avec nos parents. J’ai rejoint l’aventure Jaune Cerise en 2017. »

Quel est l’histoire de la Torréfaction Jaune Cerise ?
Jaune Cerise est née de la fusion entre la Torréfaction de la Croix Rousse, une petite boutique dans le 4ème arrondissement de Lyon datant de 1987 et d’un local à Neuville-sur-Saône. A l’origine, nous cherchions un espace plus grand pour qu’il y ait assez de travail pour mes deux sœurs, mon père et moi mais après des recherches en vain, nous avons finalement trouvé ce lieu qui était déjà une torréfaction et qui avait de belles perspectives d’évolution. Nous avons finalement décidé de garder ces deux espaces, ce qui nous a permis de développer notre activité.

Vous proposez une large de gamme de cafés, comment les choisissez-vous ?
Nous travaillons principalement avec la Maison Jobin afin d’avoir des cafés standards, de spécialité et biologiques qui soient accessibles à toutes les générations et tous les milieux.
Notre gamme s’étend aussi à une origine Pérou qui nous vient de la société Saldac, une entreprise française qui importe des produits biologiques et certifiés équitables du Pérou et d’autres pays d’Amérique Latine. Nous proposons leurs cafés depuis 2000, bien avant que le bio et l’équitable aient le vent en poupe. Nous tâchons de collaborer de plus en plus avec des importateurs pour qui l’éthique et le biologique ont une importance majeure.
L’année dernière, j’ai eu la chance de voyager au Rwanda et j’ai ainsi pu sélectionner des cafés avec différents process comme le nature, le honey et le lavé dans la coopérative SIMBI située dans la région de Huye.
Une fois par an, chacun notre tour, nous essayons de nous rendre dans les pays producteurs. Cette année c’est Maureen qui s’est rendue au Nicaragua. Cela nous permet de voir ce qui se fait sur place en termes de cafés mais aussi d’expliquer à nos clients ce qui se cache derrière le café qu’ils consomment.
Dans notre travail nous dépendons principalement des gros importateurs mais nous essayons de plus en plus de mettre en avant des cafés que nous avons pu découvrir lors de nos voyages, et qui racontent une histoire.

Et votre café du moment ?
Ponctuellement et selon la demande, nous essayons de proposer des micros-lots pour faire découvrir à nos clients de nouveaux produits et suivre les tendances. Depuis notre ouverture, nous constatons que notre clientèle a énormément rajeuni et est de plus en plus aguerrie. Elle recherche des cafés d’exceptions et on se doit de répondre à cette demande. C’est également plus intéressant pour nous dans notre métier, d’éduquer le consommateur et d’apporter les meilleurs conseils possibles.

Mais vous ne proposez pas que ça …  Le chocolat et le thé sont un vrai plus pour vous ?
Pour nous, le café est très important car il représente 50% de nos ventes et le chocolat ainsi que le thé sont apparus comme des univers très complémentaires. On retrouve ce côté humain et le travail de la terre qui nous tient à cœur ainsi qu’aux deux maisons avec lesquelles nous travaillons : la Maison Dammann Frères et les Chocolats Bonnat. Ce sont également des produits qui montent en gamme et en qualité, qui sont de plus en plus recherchés et donc importants à mettre en avant.

Avez-vous un souvenir café à nous partager, un évènement marquant ?
Gaël : « Je dirais que mes souvenirs les plus marquants sont mes voyages en pays producteurs et notamment le dernier au Rwanda. Ce sont ces moments de rencontres avec les fermiers et coopératives qui accueillent et présentent leur travail avec fierté que je préfère. Ces découvertes et dégustations sur le terrain nous permettent de partager des moments uniques et de montrer à nos clients toute l’histoire qui se cache derrière nos cafés, la multitude d’étapes réalisées par des hommes et des femmes pour que le café arrive de la terre à la tasse. »
Maureen : « Les voyages dans les pays producteurs sont ceux qui nous enrichissent le plus. Mais si je devais partager un souvenir plus personnel, ce serait la façade jaune poussin de la torréfaction de mes parents à leur début et mon père qui torréfiait devant, dans la boutique, à la vue des clients. Je souris à chaque fois que j’y pense. »

Votre écogeste dans votre entreprise …
Dans un premier temps, nous essayons de développer notre gamme bio pour ne plus nous restreindre, pour offrir de meilleurs produits et répondre à la demande de nos clients. Nous souhaitons également tendre petit à petit vers des pratiques éthiques et écologiques en étant notamment plus transparents avec le consommateur sur la notion d’équitabilité à travers nos prix par exemple. Suivre le modèle des Cafés Dagobert qui sont incomparables dans cette thématique avec un café décarboné et transparent serait pour nous un bon exemple. Nous travaillons déjà avec eux pour notre référence Sumatra d’Indonésie et nous aimerions développer cette partie-là.

Votre conseil pour découvrir le monde du café …
Venir chez nous ! Pour nous, découvrir le café passe par le dialogue. Nous constatons que beaucoup de nos nouveaux clients ont un frein à venir chez un torréfacteur car ils pensent se retrouver face à un produit de luxe moins accessible que dans la grande distribution. Il ne faut pas hésiter à rentrer dans nos boutiques et goûter nos produits.

Comment voyez-vous la suite pour Jaune Cerise, des projets ?
Notre objectif n’est pas de nous développer en termes de boutiques car nous aimons notre métier et ne voulons pas déléguer la torréfaction ou la gestion humaine de notre entreprise. Nous préférons rester une petite structure familiale et bien faire notre travail au quotidien tout en s’adaptant aux évolutions du café, aux types d’extractions, à la traçabilité et proposer moins de cafés issus de la déforestation dans les années à venir.
En termes de voyage, notre prochain souhait serait d’aller en Ethiopie. C’est vraiment un voyage à faire pour nous, une destination incontournable dans le monde du café !

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